Publications 2017
Plaquette prĂ©parĂ©e pour le PrĂ©sident Macron sur les risques au Sahel et l’inadĂ©quation de l’aide française Ă cette rĂ©gion
> L’Afrique au risque des conflits – France Culture (06/01/2017)
Après être allé trop loin dans l’afro-pessimisme, est-on en train d’aller trop loin dans l’afro-optimisme ? Serge Michaïlof, économiste de terrain, ancien dirigeant de la Banque mondiale, observe l’Afrique depuis quarante ans.
> PubliĂ© dĂ©but 2017 dans la revue de la dĂ©fense nationale « Sahel et dĂ©penses de sĂ©curitĂ© locales » explique que les pays du Sahel sont dans une double impasse budgĂ©taire et sĂ©curitaire, car personne ne veut les aider Ă financer leurs dĂ©penses locales de sĂ©curitĂ© qui dĂ©sormais dĂ©passent 6 % (voire 9 % pour le Tchad), de leurs PIBs respectifs. Une telle charge budgĂ©taire est Ă©videmment insupportable pour des pays dont le taux de fiscalisation rapportĂ© au PIB est infĂ©rieur Ă 20 %. D’oĂą l’importance absolument fondamentale d’un financement externe de ces dĂ©penses, en particulier par l’Union EuropĂ©enne qui pour l’instant rechigne sĂ©rieusement. Un tel financement externe est d’autant plus justifiĂ© que la sĂ©curitĂ© dans cet espace immense que reprĂ©sentent le Sahel et ses confins sahariens constitue un bien public rĂ©gional dont le coĂ»t doit ĂŞtre mutualisĂ©.
> « Faut- il un plan Marshall pour le Sahel » publiĂ© dĂ©but 2017 dans la revue de l’ENA rappelle que l’analogie avec le plan Marshall est trompeuse car si la mobilisation d importants financements internationaux pour le Sahel est indispensable, par suite de la faiblesse des institutions et de l’appareil d’Etat dans ces pays, cet accroissement de l’aide peut rapidement devenir un problème en soi si cette aide est mal ciblĂ©e et mal gĂ©rĂ©e ce qui semble bien ĂŞtre le cas actuellement. Il est par consĂ©quent moins important de se focaliser sur les seuls chiffres globaux d’aide comme on l’a fait pendant des annĂ©es en Afghanistan et comme on recommence Ă le faire pour le Sahel, que de veiller au bon ciblage et Ă la bonne gestion de cette aide dont les effets peuvent finalement se rĂ©vĂ©ler plus pernicieux que bĂ©nĂ©fiques.
> « Afrique Subsaharienne: Nuages inquiĂ©tants Ă l’horizon » publiĂ© en Français et en Anglais dans Alternatives humanitaires de Juillet 2017 rappelle que l’Afrique Subsaharienne qui a globalement connu une quinzaine d’annĂ©es de croissance exceptionnelle n’est pas encore tirĂ©e d’affaire. Le ralentissement de la croissance chinoise et la baisse durable des prix des matières premières mettent en difficultĂ© de nombreux pays. Mais surtout la montĂ©e des inĂ©galitĂ©s entre pays, et au sein mĂŞme des pays Ă forte croissance, entre rĂ©gions Ă la traine et rĂ©gions dynamiques, est porteuse de tensions sociales qui deviennent problĂ©matiques dans un contexte d’insuffisante crĂ©ation d’emplois. Dans un tel environnement la montĂ©e de l’insĂ©curitĂ© en Afrique de l’ouest est particulièrement inquiĂ©tante. Le modèle de dĂ©veloppement africain, peu inclusif, trop centrĂ© sur l’exportation de matières premières ne rĂ©pond pas Ă la demande d’emploi d’une population jeune en forte croissance. Il y a finalement une contradiction entre la dĂ©mographie exceptionnelle du continent et son modèle actuel de dĂ©veloppement. Il faut donc veiller Ă ce que le brulot que constitue le Mali ne s’Ă©tende dans une rĂ©gion qui reste exceptionnellement fragile. (English version)
> « Explosion ProgrammĂ©e ? La croissance dĂ©mographique va-t-elle dĂ©stabiliser l’Afrique de l’Ouest? »cet article prĂ©parĂ© Ă la demande de la revue « Archi Cube », revue de l’école Normale SupĂ©rieure, fait un point prĂ©cis sur les dĂ©fis dĂ©mographiques auxquels est confrontĂ©e l’Afrique et en particulier le Sahel et les risques gĂ©opolitiques que pose le retard dans la transition dĂ©mographique du Sahel.
> « Le Sahel, Afghanistan de la France ? » publiĂ© dans « la Jaune et la Rouge« , revue de l’Ecole Polytechnique, prĂ©sente le risque gĂ©opolitique que pose le Sahel Ă la France qui peut rapidement se trouver engluĂ©e dans un conflit asymĂ©trique insoluble si notre pays se contente d’apporter dans cette rĂ©gion un appui quasi exclusivement militaire et ne prend pas la direction effective d’un vaste programme visant au dĂ©veloppement et Ă la stabilisation durable de cette rĂ©gion.
> « Stabiliser le Sahel, une mission d’urgence pour le nouveau PrĂ©sident » co rĂ©digĂ© avec Olivier Lafourcade et publiĂ© dans le Figaro du 10 avril 2017 rappelle l’importance et l’urgence du chantier que va reprĂ©senter pour le nouveau pouvoir la stabilisation du Sahel et la restauration de la sĂ©curitĂ© dans cette immense rĂ©gion.
> « Les pays les plus pauvres sont les grands oubliĂ©s de l’aide française au dĂ©veloppement » (avec Olivier Lafourcade) – Le Monde, 22/12/2017
Cet article met le doigt sur l’inadéquation de l’aide française face aux défis du Sahel. Notre aide a en effet procédé autrefois à deux choix stratégiques majeurs malheureux qui n’ont jamais été remis en cause: (i) la plus grande partie de ses ressources d’aide sont confiées aux institutions multilatérales et européennes et (ii) le prêt a été retenu comme principal instrument d’intervention de son aide bilatérale. Dans ces conditions, les ressources en subventions que mobilise la France pour les pays les plus pauvres sont misérables (environ 200 millions par an pour 19 pays bénéficiaires dont moins de 100 millions pour le Sahel), ceci pour une aide globale en termes APD de l’ordre de 10 milliards d’euros et un effort budgétaire de 2,3 milliards. L’évolution de la situation au Sahel justifie une remise à plat de ces choix qui sont totalement inadaptés au moment où les dépenses militaires françaises dans cette region dépassent le milliard d’euros .
> « Quand Macron Ă©voque la dĂ©mographie Africaine cela concerne directement l’Europe » – Le Monde 12/12/2017
Cet article répond à la controverse qui a éclaté suite à la declaration du Président Macron sur la démographie africaine. Le Président rappellait que la croissance incontrolée de cette démographie était l’une des causes de la pauvreté. Cette declaration a été très critiquée, en particulier en Afrique, sur le thème “occupez vous de la France et laissez les africains choisir le nombre d’enfants qu’ils souhaitent”. Or cette déclaration est parfaitement justifiée: Factuellement la démographie excessive de nombreux pays, en particulier au Sahel, est l’une des causes de la pauvreté et la principale raison de la misère qui frappe les services sociaux de santé et d’éducation. Or ces pays de forte démographie sont pour la plupart des pays de forte émigration vers la France et il est assez logique que la France se soucie de cette question.
> « Les Objectifs de DĂ©veloppement Durable sont-ils adaptĂ©s aux pays les plus fragiles ? » – in : “Un DĂ©fi pour la PlanĂŞte- les Objectifs de DĂ©veloppement Durable en DĂ©bat” – Patrick Caron et Jean Marc Chataigner ed. Editions IRD 2017.
Les objectifs du millénaire adoptés en l’an 2000 ont servi pendant 15 ans de véritable boussole pour guider l’action des agences d’aide internationales. En sera-t-il de même pour les nouveaux objectifs de développement durables arrêtés en septembre 2015 ? Et ces objectifs sont-ils d’ailleurs adaptés au cas des pays les plus fragiles qui sont devenus des sujets de préoccupation majeure au moment où s’effondrent de nombreux pays du Moyen Orient et apparaissent en grand risque de nombreux pays africains en particulier au Sahel ? Sont-ils pour ces derniers des buts réalistes qui leur permettront de surmonter les obstacles gigantesques auxquels ils sont confrontés ? Quel pourra être le rôle des grandes agences d’aide dans leur mise en œuvre ? Cette démarche à vocation universelle qui s’adresse aussi bien aux Etats unis qu’au Niger a t- elle un sens pour les pays les plus fragiles ?
> « Programmed Explosion: The consequences of the rapid population growth in Sub Saharan Africa ». – KAS International Reports. 32: in: http://www.kas.de/wf/en/33.47597/ [27 June 2017]. – (Version allemande)
The African Sub-Saharan countries are demographically a special case and the most spectacular demographic changes in the whole of human history are currently taking place on the African continent. In the course of the XXth century, population has admittedly also grown in many other areas of the world. But this process did not take place anywhere near as rapidly as in Africa, where population has increased seven-fold. As the population boom of the XXth century in Africa will be followed by a second one in the 21st century, its impact will not stay limited to the African continent alone.
(article also available in German: Vorprogrammierte Explosion ?).
> « Sub – Saharan Africa: Worrying clouds on the horizon » – Humanitarian Alternatives July 2017
Having long been condemned to pessimism, Africa has unquestionably picked itself up, confronting considerable challenges- such as the recent Ebola crisis -, displaying encouraging economic growth and exporting its numerous talents. On the threshold of the 21 st century, a wave of Afro optimism gradually developed. Did we go too far, too quickly down this road? This is the argument I develop in this paper, venturing a parallel between the Sahel and Afghanistan, another well known “humanitarian land”. Tending more to Afro -realism I invite the reader to take stock of the perils which the continent will have to face, as well as the means it has at its disposal to overcome them.
> « New Threats to Africa’s Stability and Growth » – In “Africa Reset – A new Way Forward” Ted Ahlers and Harinder Kohli ed. Oxford University Press- 2017
While Africa is obviously doing much better that 15 years ago, the continent is nevertheless confronting two major new threats: The first is the contrast between successful countries and those seemingly doomed to failure. The second is that even the successful countries have not always been able to prevent the emergence of deep social and geographic inequalities, which have often been accompanied by rising tensions and increasing insecurity. Since this last phenomenon often combines with an erosion of authority as the state loses control over some peripheral regions, these regions become lawless zones that eventually threaten the integrity of the states.
This new type of threat is arising in a global context, where radical Islam has replaced the secular ideologies of the twentieth century that had barely penetrated Africa. It provides the populations of these regions with simplistic explanations for the misery into which they are plunged and establishes in their minds the responsibility of the West for all their ills. The most serious problem has now arisen in the French-speaking Sahel, where despite regional alliances, external support from France and the US, and billions of dollars spent on military budgets, insecurity is still developing, particularly around Lake Chad and in the north and center of Mali.
The key causes of these developments are generally the coincidence of strong demographic growth, a narrow economic base principally focused on relatively unproductive agricultural activities, vast territories that are difficult to control, populations fragmented into multiple ethnic or religious groups, and the presence of a large Muslim population subjected for several decades to strong Salafist propaganda. These constraints translate into considerable underemployment of a large cohort of young men entering the labor market without prospects. In some cases, these difficulties are heightened by marginalization or by economic or political discrimination. These countries or regions, described as “fragile,” are currently the target of attempts at destabilization carried out by jihadist groups on a sometimes mafia-like scale. These groups usually control specific economic circuits dealing with illicit trafficking (including weapons, cigarettes, drugs, and migrants).
While flashpoints threatening to spread very swiftly may require external military intervention, as was the case when French forces had to put a stop to a military offensive led by jihadist groups in Mali in 2013, this type of conflict can neither be settled by foreign armies nor definitively solved by military means alone. They require responding to the state’s shortcomings and, to this end, considerably strengthening not only the national armed forces but also consolidating—or in some difficult cases rebuilding—the entirety of the other state sovereign institutions, particularly the police, the judiciary and local administration. This type of consolidation can be part of an ambitious program of security sector reform, the scope of which must be expanded compared to current practice.
Since the poorest countries lack the fiscal resources to enable them to carry out this strengthening of their state apparatus, they are currently caught in a double impasse that is both budgetary and security-related. They risk falling into a conflict trap if they are not strongly supported in their efforts by donors, which up to now have carefully avoided involving themselves in security-related issues. The agenda of African governments facing these new threats needs to be ambitious, but it will be hard to implement.
Basically, these countries will have to (i) consolidate or rebuild their state apparatus and negotiate exceptional financial, technical, and political support from the West for this purpose; (ii) regain control of international aid spending so as to reorient it as far as possible toward the factors that fuel insecurity, particularly rural poverty, in order to create massive employment opportunities; and (iii) undertake wide-ranging reform of their education systems and vocational and technical training programs. (iv) In addition, the massive creation of jobs demanded by their exceptional level of demographic dynamism also means facilitating the development of a dynamic private sector. (v) Finally, these multiple efforts will remain insufficient if the rate of population growth is not brought down to a level compatible with the countries’ economic capacities. The implementation of such policies will require exceptional communication and pedagogical efforts.
The restoration of security throughout this region implies a very important ideological dimension. Therefore, it is imperative that governments engage in a courageous struggle against Islamic fundamentalism and jihadist ideology. The success of such a comprehensive response to the security challenge presupposes that governments demonstrate the political will to act simultaneously on these various axes by building coalitions adapted to the exceptional scale of the challenges they face.
Interviews
• « Stabiliser le Sahel: Une mission d’Urgence pour le Prochain PrĂ©sident » (avec Olivier Lafourcade) – in Le Figaro 10/4/2017.
• « L’ArmĂ©e française risque d’être longtemps au Mali » – In Les Echos 16/7/2017
• « Le risque d’une implosion du Sahel selon le modèle afghan » – In La Marseillaise 23/1/2017
> « PrĂ©sentation faite au Forum de Dakar sur la paix et la sĂ©curitĂ© en Afrique » – 13/11/2017
Le dilemme sécurité développement ne peut être résolu par la seule intervention de forces des Nations Unies ou des contingents étrangers. La restauration de la sécurité dans un pays en crise grave ou plongé dans un conflit interne exige la reconsruction d’un appareil d’Etat, tâche particulièrement difficile techniquement, financièrement mais surtout politiquement. Une telle reconstruction n’est possible que dans le cadre de certaines conditions politiques et exige un appui technique et financier extérieur. Mais ce type de demarche exige aussi pour les bailleurs une sortie de l’orthodoxie qui veut qu’ils ne doivent en aucune manière s’impliquer dans les questions sécuritaires et militaires.