Publications 2019
> « L’armée française risque-t-elle un enlisement au Sahel ? » – Interview France Info 2/12/2019
Ce long interview donné à France Info explicite les risques d’enlisement de l’armée Française au Mali. Barkhane se trouve actuellement dans une impasse. Ses nombreux succès tactiques n’ont pu empêcher une dégradation générale de la sécurité et l’extension géographique de l’activité des groupes armés rebelles. Même si Barkhane gagne toutes les batailles, elle est en train de perdre la guerre. Elle se heurte à l’immensité de l’espace, au changement de nature du conflit qui implique des frictions interethniques entre pasteurs et agriculteurs instrumentalisées par les Djihadistes, le tout dans une mosaïque ethnique complexe et une crise environnementale. Les armées du Burkina et du Mali, gangrénées par la corruption et le népotisme, sont incapables de résister aux assauts rebelles. Le choc démographique dans ces pays ne leur permet pas de conduire à la fois une politique sociale à la hauteur des besoins et des dépenses sécuritaires à la hauteur des défis. Les services sociaux, en particulier l’éducation publique, se sont effondrés en zone rurale. Un islam intolérant se substitue à l’islam soufi traditionnel et donne une coloration religieuse au conflit. Le problème va être maintenant pour Barkhane de s’extirper de ce piège en évitant une évacuation type Saigon en 1975…
> « La taxe carbone doit peser sur les plus riches » – La Croix : 5/12/2019 (Avec Philippe Benoit)
Avec Philippe Benoit du Center on Global Energy Policy de Columbia University, nous rappelons à quel point, comme l’a démontré à nouveau la jacquerie des gilets jaunes, l’introduction d’une taxe carbone est politiquement difficile. Dans tous les pays le gazole fait partie des produits de base dont toute taxation réduit de manière insupportable le niveau de vie des plus pauvres. Ne faudrait-il donc pas traiter de manière différentiée la consommation des classes très aisées et en particulier celle des « super riches » dont les émissions de carbone deviennent extravagantes. Pour limiter à 2 degrés la hausse attendue des températures nous sommes dans un jeu à somme nulle, car toute émission excessive de carbone par une catégorie sociale, réduit le disponible pour les autres catégories. Il serait donc justifié d’appliquer des taxes carbones particulièrement élevées à certains produits de luxe et de renoncer à l’introduction de taxes de ce type frappant les classes moyennes. Le « malus » introduit par la France sur les SUV suit ce raisonnement, tout comme les réflexions conduites par les économistes qui conseillent le parti démocrate américain.