Publications 2020
> « L’imam Dicko peut offrir une porte de sortie à la France au Mali » - La Tribune : 17/7/2020
L’impasse dans laquelle se trouve l’armée Française au Mali ne permet pas à la France d’ignorer une personnalité même controversée comme l’Immam Dicko dont le poids politique est incontournable. Le rôle qu’il a joué dans la constitution du mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) atteste de son poids politique. C’est un politicien habile et il peut représenter une chance pour un jour négocier la paix avec les groupes armés et nous permettre de sortir du piège Malien.
> « Au Mali, le coup d’Etat Ă©tait prĂ©visible » – La Tribune : 28/8/2020
Ce long interview accordé à la Tribune analyse la situation du Mali après le coup d’Etat du 18 aout 2020 qui a provoqué la chute du Président iBK. Le bilan des 7 ans de pouvoir de ce président est particulièrement désastreux et son régime apparaissait depuis le début 2020 dans une impasse militaire, budgétaire et politique. Sa gestion des manifestations de masse qui ont débuté le 5 juin a été très maladroite et dès le début juillet il apparaissait clairement que la crise politique dans laquelle se débattait le régime ne pouvait se dénouer que par une nouvelle prise de pouvoir des militaires. Il y a eu 4 coups d’Etat militaires au Mali depuis l’indépendance et celui de 2012 a plongé le pays dans un chaos et des troubles qui se sont étendus aux pays voisins. Il est trop tôt pour porter un jugement sur la manière dont les colonels désormais au pouvoir vont diriger le pays. La grave crise financière à laquelle était déjà confrontée le Mali s’est aggravée par suite de la suspension de nombreux versements budgétaires par l’aide internationale. Dans le scénario optimiste les colonels qui connaissent mieux que personne les maux qui affligent l’armée malienne, en particulier la corruption et le népotisme, décident de nettoyer les écuries d’Augias et de faire de quelques bataillons de cette armée des unités efficaces sur le terrain. Dans le scénario pessimiste ils se glissent dans les chaussons dorés de leurs prédécesseurs, prennent gout au pouvoir et une dictature peut même se mettre en place. Le soutien plus ou moins important de la France à cette nouvelle équipe permettra peut-être d’influer sur le choix du scénario à venir.
> « La Françafrique : Mythe ou rĂ©alitĂ© ? » – IRIS : 22/10/2020
Cet interview conduit par Caroline Roussy de l’IRIS en marge des « Géopolitiques de Nantes » tente de clarifier la part de mythe et de réalité qui se cachent derrière le terme de France Afrique. Des indépendances aux années 1990, la France a eu une politique africaine très cohérente s’appuyant sur des institutions et des mécanismes efficaces. Un proche du chef de l’Etat, initialement Foccard, pilotait une diplomatie parallèle cour circuitant le quai d’Orsay, et ce système s’est perpétué jusqu’au départ du président Chirac en 2007. La négociation de grands contrats d’équipement et de fourniture de matières premières dans des pays sans contre-pouvoirs a facilité un essor de la corruption. Certains chefs d’Etat africains ont pris l’habitude de financer les partis politiques français, devenant ainsi des acteurs importants sur la scène politique française à tel point qu’on a pu inverser l’expression et lui substituer l’expression « Afrique France ». Ce système bien huilé, ainsi fondé sur la corruption et le financement des partis politiques français, a commencé à se fissurer au cours des années 80 avec la crise économique. La mort du président Houphouët et la dévaluation du franc cfa en 1994 lui ont porté un coup. Depuis la mort du président Bongo en 2009 on peut espérer que ce terme n’a plus guère de réalité.
> « Les racines Ă©conomiques et sociales de la guerre au Sahel » – Willagri : 4/12/2020
Cet article de fond commandé par la revue Willagri fait une analyse détaillée des racines économiques et sociales des conflits en cours au Sahel. Certes l’origine de ces conflits est loin d’être essentiellement économique. Interviennent en effet des perceptions d’injustice par des communautés marginalisées, un besoin de sécurité dans un environnement où tout le monde est armé, une volonté de vengeance après des exactions de l’armée ou de milices diverses, la tentation de poursuivre à plus grande échelle le brigandage d’anciens coupeurs de route, enfin la dimension religieuse avec l’extension d’un islam salafiste intolérant. Mais les conflits qui se sont multipliés au Mali, au Burkina et au Niger correspondent pour beaucoup à des insurrections paysannes et des conflits intercommunautaires. Ces conflits se développent dans un contexte régional caractérisé par une démographie hors de contrôle qui alimente un sous-emploi massif, une agriculture fragile et aléatoire à très faible productivité, une pauvreté persistante, des relations sociales intercommunautaires et une organisation foncière fragilisées par la démographie, une agriculture menacée par le réchauffement climatique, un équilibre alimentaire précaire, une crise alimentaire provoquée par l’insécurité, des dégradations environnementales majeures, une jeunesse sans emploi et sans perspectives, des institutions publiques gravement dysfonctionnelles, et enfin un mode de développement agricole extensif qui a atteint ses limites. Dans un tel contexte où l’insécurité interdit la mise en œuvre de projets de développement ambitieux, la fin de la guerre n’est pas pour demain…
> The Social and Economic Roots of the War in the Sahel (16/03/2020)
Version en Anglais de l’article ci-dessus fait pour Willagri – Lire (en PDF)