Publications 2009
« Sortir du Piège Afghan » Commentaire No 126 été 2009.
Sortir du piège Afghan – Commentaires 2009
La coalition occidentale semble bien piégée en Afghanistan dans un contexte où une victoire militaire est impossible tant que les Talibans bénéficient de sanctuaires au Pakistan et des abondants financements issus de l’économie de la drogue. Le centre de gravité du conflit se situe en fait au Pakistan et l’élément déterminant sera in fine le comportement d’une armée pakistanaise profondément islamisée qui joue un double jeu depuis 2001, en acceptant l’aide américaine tout en soutenant les extrémistes islamistes pour ses propres objectifs politiques au Cachemire et en Afghanistan. Sortir de ce piège implique de soutenir une démocratie chancelante au Pakistan pour lui permettre de reprendre le contrôle d’une armée qui est un Etat dans l’Etat, de revoir les priorités stratégiques et les modes de gestion de l’aide internationale en Afghanistan pour aider à la mise en place d’un véritable Etat en Afghanistan, et de revoir aussi pour cela les alliances politiques de compromis avec les chefs de guerre et barons de la drogue du régime Karzai qui sont incompatibles avec cet objectif. L’approche devra combiner de très fortes pressions des EU, de la Chine et de l’Arabie Saoudite sur l’armée pakistanaise, la construction d’une armée afghane au moins 3 fois plus important qu’aujourd’hui et un profond assainissement d’une police qui qui est aujourd’hui le premier racketteur du pays. Compte tenu des contraintes politiques internes tant au Pakistan qu’en Afghanistan et des délais très brefs (3 ans) avant les prochaines échéances électorales aux EU, les chances de succès sont bien incertaines.
« La guerre en Afghanistan est-elle perdue? » Le Monde 29 juin 2009.
Nous savons depuis le Vietnam qu’une grande puissance peut gagner toutes les batailles et néanmoins perdre une guerre. Faute d’avoir pris au sérieux la reconstruction de l’Afghanistan en 2002, les Etats Unis et leurs alliés sont maintenant piégés comme le fut l’ours russe pendant les années 80. Pour pacifier et reconstruire l’ Afghanistan il n’y avait pas autre d’alternative que de construire un Etat moderne avec des institutions efficaces. C’était parfaitement possible comme le démontrent quelques ilots de succès dans un océan de désastres. Après 8 ans de dérive, la nouvelle administration US a enfin posé un diagnostic correct. Mais est il encore possible de rattrapper le temps perdu ?